[Aux portes de Unishu] Arrivée sur l'île [Arès Amaarÿs]

Avec prudence et admiration, un jeune homme tout de noir vêtu balaya de son regard de feu l'immensité blanche à ses pieds, qui s'étendait dans un interminable manteau lilial jusqu'à l'horizon pour fondre avec les nuages du ciel. Il n'osait dire mot, de peur de briser un silence précieux que seule une brise glaciale osait caresser de son souffle à la fois frais et doux. Il finit par se décider à avancer, accrochant sa paume engourdie par un trop long moment de contemplation béate aux sabres fixés à sa taille. La brise le força à lâcher prise pour refermer son yukata sur sa poitrine bronzée trop habituée au soleil brûlant et aux flammes infernales de son île de naissance, Huyri. Le jeune homme eut une pensée pour son île désormais loin, comme il le souhaitait depuis sa plus tendre enfance. Enfin, enfin, il était libéré de ce monde qu'il n'aurait jamais dû connaître, enfin, il pouvait diriger ses propres pas. Même si à ce moment même, c'était plutôt la neige qui guidait ses pieds, le faisant tituber maladroitement d'un côté à l'autre. Le jeune démon tenta de se rapprocher d'un arbre pour s'y reposer un peu, et y arriva épuisé.
Il ferma doucement ses paupières, sachant pertinemment que dans de telles conditions, il était plus qu'imprudent de somnoler. Une petite voix intérieure se fit entendre, et le jeune homme se décida à reprendre la route. Il ne restait plus qu'à trouver un village, et si il savait se repérer correctement dans le temps et l'espace, il arriverait dans moins d'une demie-heure au village d'Unishu. Un sourire innocent se dessina sur les lèvres fines du jeune démon aux yeux pétillants de curiosité.

Kami-Sama venait d'arriver, il voulait faire un petit tour dans les pays du vent et de la pluie, mais ne voulait pas rencontrer son confrère, Xi Jie, il était alors venu incognito sur l'île secondaire de celui-ci qui devait surement se trouver dans l'île principal. Enfin bref, après avoir marché pendant quelques heures de Nomel à Unishu, oui marché parce-que en dragon, ça n'aurait pas été très discret. Il arrivait enfin près des portes de Unishu quand il vit un démon un peu perdu apparemment, il ne voulait pas vraiment parler aux démons, il ne les aimait pas trop, mais ce démon était si marrant à chercher quelque chose vers les portes, ou alors... C'était les portes qu'il cherchait. Kami-Sama, étant habillé en blanc, était quasiment invisible dans cette magnifique neige, donc il put observer le jeune homme, partir puis revenir sur les pas, regarder derrière lui puis repartir en arrière pour enfin revenir à l'endroit où il se trouvait. C'est vrai que c'était plutôt dur de se repéré dans cette neige, mais Kami-sama était dans son coin et se disait :

«Si il savait que les portes sont justes à coté de lui, je me demande ce qu'il ferait...»

En effet, bien caché derrière un rocher de glace de la même couleur que la neige, ce qui le confondait avec le reste, la ville s'étendait sur plusieurs kilomètre de long. Mais le temps n'était plus vraiment à la rigolade. Kami-Sama venait de recevoir un flocons de neige de dix centimètre sur la tête, ce qui voulait dire qu'une tempête s'annonçait. Alors il décida de partir, mais arrêta le pas, pauvre petit démon... Il n'aura même pas connu l'humiliation de Kami-Sama ! Alors il fit demi-tour et d'un geste sec tapota sur l'épaule du jeune démon qui se retourna.

«Alors petit on est perdu ? On trouve plus sa moman ? Qu'est-ce que tu fais ? T'es jamais venu ? Achète toi des lunettes mon petit ! C'est juste derrière ce rocher là ! hurla t-il, tête à deux centimètre de celle du démon, en pointant le rocher de son doigt blanc. Pauvre petit ! Un Petit démon sans défense, surement élever dans les flammes et perdu dans la neige ! Quelle situation comique !»

Puis il parti en éclatant de rire sournoisement avant de tousser et de geindre des choses incompréhensible...

Le démon se retourna lentement, les muscles de plus en plus engourdis par ce froid inhabituel.
« L'enfoiré », pensa-t-il secrètement avant de voir le jeune garçon s'étouffer sérieusement dans des propos inaudibles.
Ne sachant pas à qui il avait affaire, le jeune démon haussa les épaules, bien qu'inquiet pour la santé du garçon, avant de repartir et essayer de chercher les introuvables portes de la ville. Il jeta un coup d'œil à sa carte, tremblant, faisant tomber sa boussole à maintes reprises, se gelant les mains à la rechercher dans la neige...
Le vent se mit à souffler de plus en plus fort, et Arès tomba les quatre fers en l'air, dévoilant un fundoshi s'accordant au couleur de la neige. Il aperçu le regard moqueur du malicieux venu le railler quelques instants plutôt sur son postérieur. Piquant un fard, Arès se releva aussi dignement qu'il le pouvait en s'appuyant sur son sabre.
Et c'est tout en époussetant son yukata qu'il se rendit compte qu'il avait, dans sa chute, poussé les portes d'Unishu...

Ayant regardé la scène de tous ses yeux, le dos recourbé, les bras ballant et un air si méprisant pour le jeune démon, Kami-Sama commença à rire à pleins dents en s'appuyant sur le rempart de Unishu, oui car il longeait les gigantesques mur de la cité depuis un petit moment maintenant. Enfin bref, ayant admiré le spectacle, ou l'horreur, tout dépend de quelle bouche on parle, notre cher Kami s'étouffa presque de rire. Il avait l'air un peu malade ces derniers temps, il ne savait pas pourquoi d'ailleurs, mais ça allait passer comme toutes les autres fois, donc il en profita pour renchérir d'un rire diabolique avant de retrousser encore une fois, d'enfin arrêter de rigoler et d'afficher un large sourire en allant vers le jeune démon qui était assez honteux de son exploit et qui avait légèrement rougit, ou peut-être était-ce le froid. Enfin bref, notre jeune Seigneur posa une main sur l'épaule du démon et rigola un petit peu avant de dire dans une parole assez faible :

«Aller viens, on entre dans Unishu, tu fera gaffe, derrière ton Yukata est coincé dans ton Fundoshi. Hahaha... Je connais quelqu'un qui aurait été content de voir ce que j'ai vu. Enfin bref, j'espère que tu te plaira ici, c'est merveilleux. Si t'as besoin de quelque chose, appelle moi, je m'appelle Kami-Sama, Seigneur des îles Végétales. Dit que t'ai un petiot-démon, je me souviendrais de toi.»

Puis il tapota l'épaule du jeune homme en souriant, le nez rouge ainsi que les joues, transpirant un peu. Pour lui c'était sûr, c'était la première fois qu'il transpirait dans les îles Glaciales, il était malade, sa tête tournait plutôt beaucoup et il s'appuya sur la porte pour entrer dans Unishu. Un fantôme qui tombe malade, il se moqua de lui même intérieurement. Mais ses jambes ne tiennent plus, il s'écroule à terre, devant le jeune démon. Il essaye en vain de se relever. Il se tourne alors sur le dos et regarde Arès.

«T'as vu, .... Même un Seigneur tombe malade... Fit-il entre plusieurs pause pour respirer. Je suis pitoyable... Heureusement que Xi Jie est pas là.... J'aurais eu droit à un traitement spécial...»

Puis il posa sa main droite bouillante sur son visage tout aussi chaud avant de retousser de plus belle.

Arès tendit la main vers le jeune homme, remarquant que celui-ci avait une forte fièvre, mais aussi un adorable visage lorsqu'il n'arborait pas son mauvais sourire sournois. Il n'osa pas sourire lorsque, contre toute attente, le garçon pris sa main dans la sienne et s'en aida pour se relever. Le démon tenta une seconde approche, espérant ne pas heurter l'ego du moqueur des neiges : il appuya le corps brûlant du garçon contre le sien pour le soutenir.

« Vous être brûlant, j'ai l'impression que mes doigts dégèlent rien qu'à votre contact... » tente de justifier l'Amaarÿs.

Le malade ne souffla pas mot.

« Ah, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Arès Amaarÿs, samouraï en provenance de Huyri. » Kami releva légèrement la tête, dévoilant son minois affaibli à démon rougissant qui ricana bêtement pour cacher son embarras. « Je... suis venu ici pour devenir un meilleur samouraï. »

Arès déglutit. Il avait peur que le garçon s'endorme avant qu'il n'aient atteint un endroit où il pourrait se reposer à son gré. Bien que détestant se montrer intrusif, le samouraï tenta de faire parler le farceur au teint blême :

« Et vous ? Pour quelle raison êtes vous ici ? »

Kami entendait quelques petits mots, mais très peu, ses oreilles bourdonnaient affreusement. Il entendit alors «Arès», il en déduit que c'était le nom ou le prénom du jeune démon, «Samouraï» son métier surement. Pour mieux entendre il souleva la tête, n'endentait rien à ce que lui disait le jeune samouraï alors dévoilé. Et c'est alors il entendit la dernière phrase parfaitement :

« Et vous ? Pour quelle raison êtes vous ici ? »

Le jeune homme, dans un mal de tête terrible réfléchit alors « Pourquoi ?». Il fit une petite grimace car il avait extrêmement mal à la tête, il ne voyait plus à 10 mètres devant lui. Puis dans ses dernières forces, il fit d'un voix très faible.

«Je suis ici pour me reposer... puis ricanant un peu. Quel repos... »

Puis il leva la tête vers le ciel.

«T'es un type bien... Je veux pas te voir à mon réveille... Continu ta route.... La mienne te croisera surement encore une fois dans peu de temps...»

Et la ce fut le noir complet, il entendit une sorte de petit boum qui devait être lui qui tombait par terre. Mais plus rien. Plus aucun son ni rien.

Le jeune démon essaya de rattraper le beau jeune homme, qui tomba à terre lourdement. Affolé, il tenta de reprendre ses sens, mis sa main sous la nuque fiévreuse du l'endormi tout en cherchant dans yeux un abri. Dans la blancheur de la ville, il distingua le symbole bien reconnaissable d'un centre de soin. Portant en princesse le malade brûlant, il commença à courir aussi vite que ses pieds glacés le lui permettait vers l'hôpital.
« On y est bientôt ! », s'essouffla le maladroit samouraï qui manquait de tomber à chaque pas.
Il arriva miraculeusement sain et sauf aux portes de l'hôpital.
«E-excusez-moi. Il s'est évanoui, il est brûlant... ! » cria-t-il dans les couloirs résonnants. « Il y a quelqu'un ? »
Très vite, un médecin lui pris Kami-sama des bras - il l'avait visiblement reconnu - et appela toute une équipe, qui refoula le démon gelé et inquiet à l'extérieur du centre.
« Attendez, je veux rest-... »
La porte se claqua au nez d'Arès, qui lui refila un coup de pied qui lui fut très douloureux.
« Merde, moi aussi j'ai besoin de soin, laissez-moi rentrer... » soupira-t-il peu convaincant en s'asseyant devant l'imposante porte pour se masser les orteils.

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